Histoire et archéologie : les manipulations continuent

Lors de son émission hebdomadaire « Répliques » sur France Culture et consacrée à « L’histoire de France a-t-elle encore un sens ? » (26 avril 2014), l’essayiste Alain Finkielkraut a cité les deux dernières phrases d’une interview que j’avais faite avec François Reynaert  pour Le Nouvel Observateur en août 2012 à l’occasion de mon livre On a retrouvé l’histoire de France. Elles disaient : « Il faut arrêter de penser qu’il y aurait une « France éternelle » à l’identité immobile, que l’arrivée récente de populations extérieures viendrait bousculer. Sur le temps long, on voit les choses autrement, l’histoire est un long continuum de brassage, elle est une recomposition permanente ». Ce qui est une évidence, comme le rappela Patrick Boucheron, historien à l’université de Paris I et participant au débat avec Pierre Nora.

Mais pour le nouvel académicien, ces deux phrases étaient censées illustrer la remise en cause de l’idée de nation française par un certain nombre d’historiens et d’archéologues irresponsables, entre autres. Il avait d’ailleurs commencé son émission en citant un long passage du beau discours d’Ernest Renan « Qu’est-ce qu’une nation ? », lequel définit la citoyenneté comme « un plébiscite de tous les jours ». Or s’il avait lu mon livre, il aurait pu voir que le dernier chapitre, consacré aux rapports entre archéologie et citoyenneté, commençait précisément par ce texte de Renan. Pour étayer son accusation, il affirma qu’il n’y avait eu aucune immigration notable en France entre celles du Haut Moyen Âge et les récentes immigrations de la fin du XIXe siècle et du XXème siècle (suivez son regard) – et que donc la France éternelle, magnifiée par le vieux manuel scolaire de Lavisse dont il faisait un éloge dithyrambique, aurait survécu inchangée jusqu’aux immigrations récentes (suivez son regard).

Dans un souci pédagogique qui m’honore, je lui ai fait remarquer dans un courrier (dont la réponse ne saurait tarder), que le territoire « français » n’avait cessé d’évoluer depuis le Moyen Âge par absorption de populations parfaitement hétérogènes à l’origine, habitant les actuels Midi occitan, Bretagne, Pays Basque, Flandres, Lorraine germanophone, Alsace, Corse, Savoies, Comté de Nice, etc. Quelles seraient donc les frontières de la France éternelle, celle qui selon le général de Gaulle « vient du fond des âges » ?

            De l’art du détournement

Mais peu importait l’histoire réelle. Le nouvel académicien enchaîna avec obstination tout au long de l’heure d’émission les incontournables du moment, tel le livre de l’idéologue islamophobe Sylvain Gouguenheim, qui dans son Aristote au Mont Saint Michel, prétendit contre toute évidence que les Arabes n’avaient joué aucun rôle dans la transmission des savoirs grecs à l’Europe médiévale (Alain Finkielkraut déplora la réfutation collective qu’ont faite les chercheurs compétents sur le sujet). Il termina par la sempiternelle citation tronquée de Marc Bloch dans L’étrange défaite, déjà utilisée entre autres par Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy et le Figaro Histoire  : « Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ». Comme l’avait déjà dénoncé deux ans plus tôt Suzette Bloch, petite-fille du grand historien (http://www.liberation.fr/politiques/2012/11/12/l-oeuvre-de-marc-bloch-devoyee_859924), le paragraphe complet qui s’achève avec cette phrase dit à propos du Front Populaire : « Surtout, quelles qu’aient pu être les fautes des chefs, il y avait dans cet élan des masses vers l’espoir d’un monde plus juste, une honnêteté touchante à laquelle on s’étonne qu’aucun cœur bien placé ait pu rester insensible. Mais, combien de patrons, parmi ceux que j’ai rencontrés, ai-je trouvé capables, par exemple, de saisir ce qu’une grève de solidarité, même peu raisonnable, a de noblesse : passe encore, disent-ils, si les grévistes défendaient leurs propres salaires ».

Cette émission n’est qu’une pièce de plus dans la vaste offensive, qu’on peut qualifier de nationale-réactionnaire, commencée il y a quelques années et constamment relayée par le Figaro et Valeurs Actuelles, et dont j’ai déjà rendu compte en novembre 2012 (http://www.jeanpauldemoule.com/larcheologie-lhistoire-et-les-programmes-scolaires/). On citera en particulier les livres de Vincent Badré, Dimitri Casali, Laurent Wetzel ou encore Jean Sevillia, rédacteur en chef adjoint au Figaro Magazine et créateur successif du « prix du livre incorrect » (l’ « incorrect » couronné en 2014 fut Lorànt Deutsch pour Hexagone), puis du « prix des impertinents ». Ce dernier prix est destiné bien entendu à récompenser un essai « s’inscrivant à contre-courant de la pensée unique ». Une des caractéristiques de ce courant de pensée, et de la droite de la droite en général, est en effet le détournement sémantique, qui consiste à qualifier de « bien pensance » ou de « pensée unique » les idées progressistes dont ce vocabulaire est issu (la « pensée unique », rappelons-le, désigne en réalité la pensée économique néolibérale, qui affirme religieusement qu’ « il n’y a pas d’alternative »). Le credo répétitif de ces historiens (amateurs) est simple : il s’agit de dénoncer un complot contre notre identité et notre mémoire nationales, ourdi par la coalition des marxistes, des pédagogues, des défenseurs des droits de l’homme (les « droits-de-l’hommistes ») et autres fauteurs de repentances, sans compter, de plus en plus précisément, l’ombre du « communautarisme islamique », obsession privilégiée d’Alain Finkielkraut.

De ce point de vue, le parcours intellectuel d’Alain Finkielkraut est désolant, mais peut-être cohérent. Parti du Nouveau désordre amoureux, coécrit avec Pascal Bruckner et œuvre significative des révolutions culturelles des années 1970, il en est venu dans les années 1990 à soutenir obstinément le parti ultranationaliste croate, y compris dans sa réécriture de la Collaboration germano-croate, pour finir à l’Académie française, élu sur le fauteuil d’un … ancien collaborateur belge et auteur antisémite, déchu pour cela de sa nationalité – puisque telle est la biographie de l’obscur Félicien Marceau, né Louis Carette. Ce dernier était entré lui-même à l’Académie en 1975, provoquant la démission du poète résistant Pierre Emmanuel. L’Académie n’avait-elle pas élu avant la guerre Charles Maurras et Philippe Pétain ? Puis, obligée de les démettre, elle avait néanmoins laissé leurs fauteuils vides jusqu’à leurs décès respectifs. Dans les années 1970, son secrétaire perpétuel (et dixième personnage de l’Etat dans l’ordre du Protocole) était un ancien dignitaire de Vichy, Jean Mistler ; et l’Académie avait décerné en 1978 au leader de la Nouvelle Droite, Alain de Benoit, dont une partie des références intellectuelles remontaient au national-socialisme, son Grand Prix de l’Essai.

Face à cette offensive permanente, on consultera régulièrement avec profit au titre de l’hygiène intellectuelle, outre les ouvrages que j’avais déjà signalés, le site du « Comité de Vigilance face aux usages publics de l’histoire » (CVUH), comité fondé en 2005 à l’initiative de Gérard Noiriel, Michèle Riot-Sarcey et Nicolas Offenstadt : http://cvuh.blogspot.fr/. Le site a d’ailleurs consacré un dossier récent à l’Ukraine, en montrant comment l’histoire est manipulée par les protagonistes, au nom de la Russie éternelle d’un côté, et de l’Ukraine éternelle de l’autre. Tout comme en Hongrie ou en Croatie (toutes deux membres de notre Union européenne), les criminels de guerre collaborateurs du nazisme et du Génocide ont été non seulement réhabilités, mais même glorifiés. C’est le cas de l’ukrainien Stepan Bandera, proclamé « héro de l’Ukraine » le jour de la commémoration de la Shoah et abondamment célébré ces temps-ci, apportant des arguments rêvés à la propagande pro-russe (pour les distraits, rappelons-le, les pro-russes sont actuellement les méchants, et leurs adversaires les gentils).

            Les Gaulois, toujours, et la nature, aussi

Si le marché de l’histoire réactionnaire se porte bien, c’est aussi parce que le marché des livres et des émissions d’histoire se porte mieux encore, ou pour le dire plus noblement, parce qu’il y a une forte demande sociale d’histoire, dans des temps d’interrogation sur le présent et le futur. C’est à cette demande sociale que l’on doit, à partir de la fin des années 1970, l’émergence de l’archéologie préventive ; et c’est elle qui a permis jusqu’à présent à l’archéologie de résister au lobby hétéroclite de ses adversaires – économiques et idéologiques. Dans un monde de l’édition en crise et en regroupement, des livres de popularisation de l’histoire, comme Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises de François Reynaert, ont dépassé les 100.000 exemplaires. On pourrait citer aussi, dans un genre plus léger, L’histoire de France pour ceux qui n’aiment pas ça de Catherine Dufour. Il est significatif qu’un (sympathique) polygraphe comme le journaliste Jean-François Kahn ait tenu à publier l’an passé, avec un certain succès, L’invention des Français – du temps de nos folies gauloises, premier volume d’une série annoncée qui serait consacrée au millénaire « dont on ne parle jamais » entre 500 avant et 500 après notre ère, et qui verrait la naissance de la France et des Français. Ce premier volume est d’ailleurs décevant, car même si des livres d’archéologie figurent en bibliographie, il s’agit surtout d’une histoire de la Rome républicaine à partir des seules sources historiques. L’auteur s’essaie à l’anachronisme dans un louable but pédagogique, classant César « à gauche » dans l’affrontement entre les partis politiques romains, ce qui est sans doute à relativiser.

Parmi les textes de ce blog qui ont suscité le plus de commentaires (mais pas tous publiés), il y a ceux portant sur Alésia et son emplacement. C’est d’ailleurs une question régulièrement posée lors de conférences publiques traitant d’archéologie. Mais pourquoi le lieu de cette « défaite fondatrice », pour reprendre les mots de François Fillon au moment de l’inauguration du nouveau musée, suscite-t-il toujours autant de passions ? Il s’y mêle sans doute l’attrait du (prétendu) mystère et de la théorie du complot (de la « science officielle » contre de courageux amateurs), entretenu il est vrai par un « buzz » médiatique. La latiniste Danielle Porte, enseignante honoraire à l’université de Paris IV, est une tenante en vue du site franc-comtois de la Chaux-des-Crotenay comme véritable emplacement d’Alésia : après Alésia citadelle jurassienne – la colline où soufflait l’esprit (2000) et L’imposture Alésia (2010), elle a sorti il y a quelques mois un Vercingétorix, celui qui fit trembler César (2013), qui aborde aussi la question de l’identité nationale ; curieusement, le Canard Enchaîné en fit un compte-rendu favorable.

Cette « thèse » franc-comtoise a été également, on le sait, soutenue vigoureusement par le journaliste Franck Ferrand, responsable d’une émission historique journalière sur Europe 1, d’une mensuelle sur France 3, ancien collaborateur de Pierre Bellemarre et chroniqueur au Figaro. Il a relayé de même une récente campagne du journal Le Point sur « ceux qui massacrent la France ». Le Point s’insurgeait avec raison contre les ronds-points et les entrées de ville bardées de panneaux publicitaires et de zones commerciales (« La France moche » avait titré Télérama il y a quelques mois sur le même thème). Mais les archéologues auront été déçus : nulle allusion à la destruction journalière de sites archéologiques. La seule destruction patrimoniale évoquée par Le Point comme par Franck Ferrand, est le mauvais état d’un certain nombre d’églises, « témoignage d’un passé, d’une histoire, bref – pour peu qu’on ose encore prononcer ce mot : d’une identité ».

Pour ne pas faire de jaloux, il est difficile de ne pas citer aussi, au titre de l’identité venue du fond des âges, Amar Lasfar, président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), mouvement proche des Frères musulmans et qui tenait son rassemblement annuel au Bourget du 18 au 21 avril 2014 sur le thème : « Quelles valeurs pour un monde en mutation ? L’homme, la famille, le vivre ensemble ». Amar Lasfar se réclama en effet du « modèle traditionnel de la famille, avec un papa, une maman et des enfants. Sûrement, d’autres ne partagent pas notre modèle, mais c’est un modèle universel, humain. La famille a toujours été définie comme ça […]. Il est étrange qu’à  notre époque, où l’on prône le retour au naturel, on s’en éloigne encore plus ». Il resterait à définir de quelle « nature » il s’agit, l’homosexualité étant attestée aussi chez un certain nombre d’animaux. On se souvient que les évêques de France, pour marquer leur opposition à la loi sur le mariage pour tous, s’étaient réclamés pêle mêle de la loi divine, de la loi « naturelle », et aussi de l’anthropologie sociale, ignorant sans doute la multiplicité des formes de familles de par le monde, ce à quoi Maurice Godelier a pourtant consacré un certain nombre de pages, y compris sur les formes à venir. Etait aussi présente, comme invitée à ce congrès de l’UOIF, Ludovine Dutheil de la Rochère (née Mégret d’Étigny de Sérilly), présidente de « La manif pour tous ». On ignore si elle a débattu avec Amar Lasfar des aspects « naturels   » de la polygamie.

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Et l’archéologie préventive, justement, dans tout ça ? La ministre de la Culture a prononcé le 18 avril 2014 un discours à l’occasion de la réunion du Conseil national de la recherche archéologique, dont elle est de droit présidente : http://www.culturecommunication.gouv.fr/Presse/Discours/Discours-d-Aurelie-Filippetti-ministre-de-la-Culture-et-de-la-Communication-prononce-devant-le-conseil-de-la-recherche-archeologique-vendredi-18-avril-a-Paris

Le diagnostic peut paraître pertinent et les solutions timides. La loi sur le patrimoine, qui comportera un volet archéologique, est censée apporter des solutions. Toujours en cours d’élaboration, elle passera en première lecture au parlement dans le second semestre 2014.

Et l’archéologie commerciale dans tout ça ? Elle se porte bien. De source syndicale, des mouvements de salariés dénonçant les conditions de travail sont signalés dans l’entreprise Archéoloire. Quant à l’entreprise Archéopole, elle a entamé une procédure de licenciement, maintenant aux prud’hommes, contre deux militants syndicaux. Rappelons que plusieurs sections syndicales d’entreprises privées (Hadès, Eveha) avaient appelé, malgré les pressions, au soutien des actions récentes pour la défense du secteur public de l’archéologie.

 

7 Commentaire

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  • 31 octobre 2016 à 8 h 24 min

    […] Demoule J.P., « Histoire et archéologie : les manipulations continuent », Blog de Jean-Paul Demoule (6 mai 2014) (Dernière consultation le 14 juin […]

  • 21 juillet 2015 à 16 h 44 min

    Vous écrivez au passage : « (la « pensée unique », rappelons-le, désigne en réalité la pensée économique néolibérale, qui affirme religieusement qu’ « il n’y a pas d’alternative ») ».

    Je réponds : http://fr.liberpedia.org/Folie_fran%C3%A7aise

  • 6 juillet 2014 à 18 h 31 min

    Bonjour mr J.P Demoule, bonjour à tous.

    Après avoir lu « 0n a retrouvé l‘histoire de France » et étant novice en matière d‘archéologie, mais ayant découvert tout son interêt quand à l‘avenement d‘une société meilleure, je me permet de copier un article de médiapart afin de connaître votre avis sur cette découverte récente dont vous avez certainement eu connaissance avant ma lecture. Quand à vos livres, beau combat que de tordre le cou à l‘histoire « officielle ».
    Continuez!

    Néandertal: il n’est pas l’homme que vous croyez

    06 juillet 2014 | Par Michel de Pracontal – Mediapart.fr

    En à peine deux ans, un ensemble sans précédent de résultats scientifiques révolutionne l’histoire de l’homme de Néandertal, prédécesseur de notre espèce en Europe.

    Il y a 430 000 ans, un groupe d’humains primitifs a vécu au nord de l’Espagne, dans la sierra de Atapuerca, une formation de roches calcaires et argileuses, creusée de galeries et de grottes souterraines. Vingt-huit individus ont été ensevelis dans une cavité au fond d’un puits de 14 mètres appelé la Sima de los Huesos, la « grotte des os », peut-être noyés par les eaux de pluie pendant qu’ils exploraient les galeries. Leurs restes, qui constituent la plus grande accumulation de fossiles humains jamais retrouvée en un même lieu, sont en train de révolutionner l’histoire de l’homme de Néandertal, prédécesseur de l’Homo sapiens en Europe.

    Les crânes de dix-sept hommes de la Sima de los Huesos ont été étudiés par l’équipe du paléontologue espagnol Juan Luis Arsuaga. Ils présentent des caractères typiquement néandertaliens : arcades sourcilières proéminentes, pommettes effacées, fortes mâchoires avec des molaires plates et larges. La Sima de los Huesos, où l’on a dénombré plus de 6 000 fragments d’os, apparaît donc comme l’un des premiers berceaux de la lignée néandertalienne. Cette dernière, dont on a longtemps situé l’origine à environ 250 000 ans, remonterait en réalité à près d’un demi-million d’années.

    Depuis 2012, en deux ans à peine, une série de travaux scientifiques a totalement renouvelé les connaissances sur les Néandertaliens. Publié dans Science, l’article d’Arsuaga et de ses collègues de l’université Complutense de Madrid vient s’ajouter à une série d’études génétiques toutes récentes sur l’ADN des anciens Européens. Ces travaux, menés pour l’essentiel par un groupe de généticiens de Leipzig, ont éclairé les relations entre les hommes modernes et les Néandertaliens, cette deuxième espèce humaine qui passionne les paléontologues depuis un siècle et demi.

    Qui étaient ces autres hommes, premiers habitants réguliers de l’Europe occidentale ? D’où venaient-ils ? Étaient-ils très différents des Homo sapiens ? Pourquoi ont-ils disparu ? Que nous apprennent-ils sur notre propre espèce ? Retraçons les principales découvertes qui redessinent la figure de l’homme de Néandertal.

    UNE LIGNÉE ANCIENNE QUI A ÉVOLUÉ PAR ÉTAPES

    « Il y a une décennie, on pensait que les Néandertaliens remontaient à 250 000 ans, dit Jean-Jacques Hublin, professeur à l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste de Leipzig (lire son analyse – en anglais – dans Science). De leur côté, les généticiens ont affirmé, en se basant sur l’horloge moléculaire, qu’ils ne pouvaient remonter à plus de 350 000 ans. Mais on trouve des caractères néandertaliens chez des fossiles de 400 000 ans ou plus, comme l’homme de Tautavel ou celui de Swanscombe, en Angleterre. C’est pourquoi j’ai défendu l’idée d’une origine plus ancienne des Néandertaliens. »

    Il y a cependant une difficulté : les fossiles de Tautavel et Swanscombe ont des traits néandertaliens, mais ils ont aussi des caractères plus archaïques. Cela a conduit Jean-Jacques Hublin à proposer un scénario d’évolution par « accrétion » de caractères. Selon ce scénario d’accrétion, la lignée néandertalienne aurait commencé à se différencier il y a 400 000 à 500 000 ans, en acquérant de nouveaux caractères par étapes successives, plutôt que par une transformation globale. Les Néandertaliens se seraient d’abord distingués par les caractères de la face – mâchoires, dents, arcades sourcilières – avant d’acquérir d’autres traits morphologiques.

    Mais jusqu’ici, la chronologie adoptée pour la Sima de los Huesos ne s’accordait pas avec le scénario d’accrétion de Hublin. Les paléontologues espagnols l’avaient en effet datée de 600 000 ans, un âge trop élevé pour des Néandertaliens, même anciens. De ce fait, les fossiles de la Sima de los Huesos avaient été classés dans l’espèce ancestrale Homo heidelbergensis. Mais alors, comment expliquer le visage néandertalien de ces fossiles ?

    Arsuaga et ses collègues ont réévalué l’âge du site, en utilisant plusieurs techniques différentes. Ils sont parvenus à une nouvelle date qui cadre mieux avec l’ensemble des données dont on dispose, soit 430 000 ans. De plus, les paléontologues espagnols estiment désormais que les fossiles de la Sima de los Huesos suivent le scénario d’accrétion proposé par Hublin. Ils ont un visage néandertalien, mais conservent aussi des traits plus primitifs. En particulier, ils ont une tête relativement petite avec une capacité crânienne nettement inférieure à celles des Néandertaliens classiques.

    « La partie avant du crâne, la mandibule et les dents des fossiles de la Sima de los Huesos sont néandertaliens, commente Hublin. C’est un phénotype qui commence à se disséminer en Europe il y a 400 000 ou 500 000 ans. On connaît des Néandertaliens dans toute l’Europe occidentale au-dessous de 52° de latitude nord, et aussi plus à l’est, jusque dans l’Altaï, au sud de la Sibérie. Le site espagnol est à l’extrémité ouest de leur zone. »

    « Des hippopotames se baignaient dans la Tamise »

    Le scénario d’accrétion permet de prendre en compte un élément important. On voit apparaître en Europe des bifaces de type acheuléen qui datent de 600 000 ans, mais qui sont présents en Afrique et au Proche-Orient à des époques bien plus anciennes. Ils arrivent donc tardivement dans nos régions, où ils sont perfectionnés, encore plus tard, par les Néandertaliens. D’où l’idée que les bifaces auraient pu être apportés par un représentant méridional du genre Homo, dont les Néandertaliens seraient issus. Chronologiquement, l’apparition de la lignée néandertalienne il y a 500 000 ans, ou un peu moins, est compatible avec cette hypothèse.

    Il semble que les Denisoviens se soient diffusés en Asie, tandis que les Néandertaliens ont surtout occupé l’Europe et peut-être certaines régions d’Asie centrale. « Les deux branches descendent du même ancêtre commun qui a recolonisé les moyennes latitudes il y a environ 600 000 ans », dit Hublin.

    Dans cette hypothèse, la branche néandertalienne n’est pas issue des plus anciens Homo venus en Europe. Des hommes archaïques sont arrivés en Europe occidentale il y a au moins 1,2 million d’années. Ils ont habité occasionnellement la zone boréale il y a 850 000 ans. Mais ces pionniers n’ont pas fait souche. Et 200 000 ans plus tard, un épisode majeur de glaciation a réduit très fortement leur espace habitable.

    DE PETITES POPULATIONS ISOLÉES VIVANT DANS DES CONDITIONS PRÉCAIRES

    Avant les Néandertaliens, la présence humaine en Europe a été sporadique et éphémère, en dehors des régions méditerranéennes. Mais malgré la longue durée de leur lignée, les Néandertaliens eux-mêmes n’ont pas conquis tout le continent, loin de là. S’ils ont circulé dans une grande partie de l’Europe, ils ne se sont pas aventurés très au nord, et n’ont guère dépassé la latitude de Berlin ou de Birmingham. Ils ont parfois vécu dans des conditions très précaires, confrontés à un climat hostile, lors d’épisodes glaciaires survenant environ tous les 100 000 ans.

    « Il faut imaginer des populations très clairsemées, parfois à la limite de l’extinction, avec des effectifs qui ont pu à certaines époques se réduire à quelques milliers d’individus pour toute l’Europe occidentale, explique Jean-Jacques Hublin. Ces hommes étaient confrontés à des changements extrêmes du milieu. Pendant les périodes chaudes, des hippopotames se baignaient dans la Tamise et des macaques arpentaient la région de Londres. Dans les périodes froides, une calotte glaciaire recouvrait l’Europe du nord, les îles Britanniques, l’Allemagne… La Manche n’existait pas en permanence. Elle a disparu à chaque épisode glaciaire durant les derniers 400 000 ans. Dans ce “shaker climatique”, la démographie était fluctuante, la population augmentait quand les conditions étaient plus favorables, et s’effondrait à d’autres moments. »

    En somme, il n’y a pas eu d’expansion continue de la population néandertalienne, mais plutôt des vagues de peuplement alternant avec des phases de contraction démographique. L’effectif global restant assez faible, et passant par des « goulets d’étranglement ».

    Cette situation particulière explique que les Néandertaliens se soient différenciés assez rapidement de leur souche d’origine. Ils ont vécu en petites populations relativement isolées. Une telle situation empêche un grand brassage de gènes, et favorise au contraire une « dérive génétique » : dans un petit groupe isolé, la diversité génétique est faible, et un ensemble particulier de gènes peut se retrouver plus fréquemment, simplement par l’effet du hasard. De ce fait, le petit groupe évolue assez rapidement vers une forme divergente de la population d’origine.

    C’est ce qui semble s’être produit avec les Néandertaliens : leur type aisément identifiable traduit leur différenciation rapide – du moins à l’échelle des temps géologiques. En 1939, l’anthropologue Carleton Coon soutient que rasé et habillé, un Néandertalien passerait inaperçu dans le métro de New York (lire à ce sujet l’ouvrage de Claudine Cohen, Un Néandertalien dans le métro). Au regard de ce que l’on sait aujourd’hui, c’est peu probable.

    Notre héritage néandertalien est « cosmétique »

    Quand les hommes modernes ont rencontré les Néandertaliens il y a 50 000 ans, les deux espèces étaient déjà assez différentes. Le type particulier des Néandertaliens traduit en partie une adaptation au climat européen, mais il reflète surtout une évolution « en vase clos », qui a amplifié certaines particularités génétiques.

    LES SURPRENANTES DÉCOUVERTES DE LA GÉNÉTIQUE

    Depuis 2010, et encore plus depuis 2012, une série d’études génétiques sur des ADN anciens ont totalement renouvelé les connaissances scientifiques sur les Néandertaliens et leurs relations avec les hommes modernes. La plupart de ces travaux sont dus au groupe de Svante Pääbo, de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste, à Leipzig (où travaille également Jean-Jacques Hublin). En 2010, ce groupe a établi une première séquence de l’ADN néandertalien. Bien qu’incomplète, elle montrait que des échanges de gènes s’étaient produits avec les hommes modernes.

    En 2012, le groupe de Leipzig a obtenu, à partir d’un fragment de phalange de petit doigt, une séquence très complète de l’ADN d’une jeune fille ayant vécu il y a environ 50 000 ans dans la grotte de Denisova (voir plus haut). Cette jeune fille n’était pas néandertalienne, mais appartenait au groupe des Denisoviens. La comparaison de ces gènes avec ceux de populations modernes a montré que les Denisoviens étaient allés jusqu’en Asie du Sud-Est et en Océanie. La trace de leur ADN apparaît aussi chez les Chinois ou les Indiens d’Amérique, mais non chez les Français ou les Sardes.

    Fin 2013, le même groupe a établi une séquence très précise du génome néandertalien, cette fois à partir d’une phalange d’orteil retrouvée également dans la grotte de Denisova (lire notre article), où ont vécu des représentants des trois groupes, hommes modernes, Néandertaliens et Denisoviens. Le climat froid a assuré une bonne conservation de l’ADN à Denisova, ce qui explique que ce site ait livré autant d’échantillons exploitables.

    D’après l’ADN, il semble que la population denisovienne ait été plus importante et plus diversifiée que celle des Néandertaliens. Cela peut surprendre dans la mesure où l’on connaît des centaines de fossiles néandertaliens, alors qu’on n’a retrouvé des Denisoviens qu’un petit bout de doigt et deux molaires. En réalité, les Denisoviens ont sans doute été présents dans toute l’Asie, mais il est difficile de trouver un site où l’ADN soit resté en bon état. D’après Hublin, il est presque certain qu’il y ait des Denisoviens parmi les fossiles humains retrouvés en Chine. Mais on n’a pas encore leur séquence d’ADN pour le vérifier. À suivre.

    Le séquençage du génome néandertalien a apporté d’autres surprises. Lorsque Pääbo et ses collègues ont montré, en 2010, qu’il y avait eu des croisements entre les deux espèces, certains en ont conclu un peu rapidement à un grand métissage entre les hommes modernes et leurs devanciers. Et l’on a spéculé sur l’héritage néandertalien de l’homme moderne, qui aurait pu bénéficier de gènes transmis par son prédécesseur, susceptibles d’avoir facilité son adaptation au froid.

    En réalité, cet hypothétique héritage néandertalien doit être relativisé. Une analyse plus fine, publiée en mars 2014 par le groupe de Leipzig, montre que si les deux espèces se sont hybridées, les hybrides n’étaient pas très féconds. Certes, l’ADN des populations modernes contient en moyenne environ 2 % d’ADN néandertalien (sauf les populations africaines où les gènes néandertaliens sont quasiment absents, du fait qu’il n’y a pas eu de retour significatif des premiers Européens vers l’Afrique). Mais pas un seul gène transmis par Néandertal n’est universellement présent chez les hommes modernes.

    De plus, les gènes de l’homme moderne qui s’expriment dans l’appareil reproducteur masculin, ainsi que ceux qui se trouvent dans le chromosome sexuel X, sont dépourvus de toute contribution néandertalienne. Cette absence a une signification biologique. Elle implique que lorsque les hommes modernes et les Néandertaliens se sont rencontrés, il y a environ 50 000 ans, ils étaient déjà à la limite de la compatibilité reproductive. Ils se sont hybridés à petite échelle, et les descendants mâles de ces unions mixtes tendaient à être stériles.

    Au total, l’héritage néandertalien est plutôt « cosmétique » » et peut s’expliquer par un nombre réduit d’unions au tout début de la colonisation de l’Eurasie. L’idée d’un grand mélange entre les deux formes humaines est simpliste. On ne peut comparer le croisement occasionnel entre l’Homo sapiens et ses devanciers au métissage entre les populations humaines actuelles. A de rares exceptions près, aucun peuple actuel n’est resté isolé plus de quelques milliers d’années (40 000 ans pour les Aborigènes d’Australie). Les durées d’isolement des populations de la préhistoire et les écarts génétiques entre elles étaient considérablement plus importants qu’ils ne le sont entre les groupes humains d’aujourd’hui.

    POURQUOI LES NÉANDERTALIENS ONT-ILS DISPARU ?

    Sorti d’Afrique il y a environ 100 000 ans, l’homme moderne, Homo sapiens, parvient en Europe de l’est il y a moins de 50 000 ans. À partir de ce moment, les jours des Néandertaliens sont comptés. Ils disparaissent sans laisser d’adresse il y a un peu moins de 40 000 ans. En fait, les hommes modernes ont remplacé non seulement les Néandertaliens, mais toutes les populations archaïques qu’ils ont rencontrées au cours de leur expansion hors d’Afrique.

    L’idée que les Néandertaliens, mieux adaptés au froid, auraient contribué à l’adaptation des hommes modernes se heurte à la dure réalité : « Les Néandertaliens se font éliminer en quelques milliers d’années, dit Hublin. Les hommes modernes vont peupler toute l’Europe occidentale en 3000-4000 ans. On les trouve au niveau de Moscou en moins de 20 000 ans. Ils montrent une capacité d’adaptation que n’ont pas eue leurs prédécesseurs. »

    « La taille du cerveau s’est accrue dans la lignée néandertalienne, comme dans la nôtre »

    Pourtant, les Néandertaliens sont loin d’être les primitifs que décrivent les anthropologues du début du XXe siècle, à l’instar de Marcellin Boulle qui, en 1911, les portraiture en brutes sauvages, marchant le dos voûté et traînant les pieds. « La taille du cerveau s’est accrue dans la lignée néandertalienne, comme dans celle de l’homme moderne », observe Jean-Jacques Hublin. Les hommes de la Sima de los Huesos ont un volume cérébral moyen de 1 232 cm3, ce qui est nettement au-dessus des Homo erectus d’Asie, mais bien en dessous des Néandertaliens tardifs ou des Homo sapiens de la même époque. La « révolution du cerveau » s’est produite dans les deux lignées.

    Mais elle n’a pas donné exactement les mêmes résultats. Le cerveau néandertalien n’est pas identique à celui de l’homme moderne. En particulier, la croissance ne suit pas le même schéma. Chez l’homme moderne, les aires pariétales et le cervelet se développent plus rapidement pendant la petite enfance, à un moment crucial pour l’acquisition de capacités cognitives. Pour tenter d’en savoir plus, le groupe de Leipzig a établi un « catalogue » des gènes qui distinguent l’homme moderne des Néandertaliens et des Denisoviens. Les chercheurs étudient en particulier les différences entre les gènes liés au fonctionnement du cerveau dans les trois groupes.

    Y a-t-il un mystère de la disparition des Néandertaliens ? La vraie question est peut-être de savoir ce qui a permis à l’homme moderne de conquérir toute la planète en quelques dizaines de milliers d’années, balayant ses devanciers et menant à l’extinction une partie de la faune. En plusieurs centaines de milliers d’années, on ne peut pas citer un seul cas d’extinction d’un grand mammifère clairement liée à la pression des Néandertaliens. Mais 15 000 ans après l’arrivée de l’Homo sapiens en Europe, ours des cavernes, hyènes, lions disparaissent. Des hypothèses climatiques ont été avancées pour expliquer ces disparitions, mais ces espèces avaient résisté à de nombreux changements climatiques antérieurs.

    Dans les régions où l’homme met le pied pour le première fois – Australie il y a 45 000 ans, Amérique du Nord il y a 14 000 ans –, l’effet sur la grande faune est encore bien plus dévastateur. Les hommes modernes se révèlent des prédateurs redoutables. En Australie, la pression qu’ils exercent sur les herbivores multiplie les incendies et modifie même le paysage végétal. « On parle aujourd’hui d’une sixième extinction de masse liée à l’ère industrielle, dit Jean-Jacques Hublin. Mais elle ne date pas de deux siècles, elle a commencé il y a 50 000 ans ! »

    Il est probable que cette efficacité prédatrice se soit exercée au détriment des Néandertaliens. Non sous la forme d’un massacre ou d’un génocide, mais plutôt par une concurrence dans l’exploitation du gibier et des territoires et occasionnellement par des conflits limités, un peu comme les raids que les chimpanzés effectuent parfois sur le territoire d’un groupe voisin, en tuant à l’occasion un mâle isolé.

    Dans la concurrence pour la même niche écologique, l’Homo sapiens n’a probablement pas été un tendre. Au cours des 200 générations qui ont permis à l’homme moderne d’éliminer son rival, on peut imaginer de multiples conflits territoriaux à petite échelle, dont l’addition a fini par avoir raison des Néandertaliens. Et cela, d’autant plus que toutes ces populations étaient peu nombreuses, avec peut-être un avantage démographique pour l’homme moderne.

    Quels atouts ont permis à l’Homo sapiens de conquérir la planète en balayant tous ses devanciers, et en un temps record ? Il a sans doute bénéficié d’avantages techniques. Lorsqu’il commence à rayonner en Europe occidentale il y a 42 000 ans, il utilise de petites pointes en silex, d’environ 5 centimètres de long, que l’on n’a pas vues avant, et qui ont pu servir à fabriquer des projectiles plus légers et plus véloces. Plus tard de nombreuses innovations vont apparaître. L’aiguille à coudre, qui apparaît il y a plus de 30 000 ans, a joué un rôle important sous les climats froids.

    On peut ajouter que l’art rupestre semble aussi un monopole de l’homme moderne. Aucune grotte ornée n’a été authentifiée comme l’œuvre des Néandertaliens. Un scientifique britannique, Alistair Pike, a évoqué la possibilité que certaines peintures de la grotte d’El Castillo, en Espagne, vieilles de 41 000 ans, soient dues à des Néandertaliens, mais ce n’est qu’une hypothèse. Et à cette date, les hommes modernes étaient déjà dans la région.

    Les traces archéologiques montrent une avance technique de l’homme moderne sur ses prédécesseurs. Pourtant, il se peut que son principal avantage n’ait laissé aucune trace. Le plus important ne réside pas seulement dans la culture matérielle, mais aussi dans l’organisation de la société, invisible pour l’archéologue. « J’aimerais savoir quelles relations avait un Néandertalien avec sa belle-famille, dit Jean-Jacques Hublin. Selon quels critères se formaient les couples ? Quels étaient les réseaux sociaux, les possibilités d’entraide et de coopération entre individus ? Bien sûr, les Néandertaliens n’étaient pas des hommes-singes, bien sûr, ils ont été des chasseurs efficaces et possédaient toute une panoplie technique, bien sûr ils parlaient… Mais que se disaient-ils ? Nous n’en savons rien, c’est pourtant sans doute là que réside l’essentiel. »

    URL source: http://www.mediapart.fr/journal/international/060714/neandertal-il-nest-pas-lhomme-que-vous-croyez

  • 14 juin 2014 à 13 h 56 min

    […] Pour en revenir au cas finkielkrautien, avant la mienne dans ces prochaines lignes, quelques autres voix se sont élevées pour interroger le contenu de la pensée d’Alain Finkielkraut sur l’histoire, notamment pour ce qui est de l’émission du 26 avril 2014. Pour l’exemple on lira le billet de Jean-Paul Demoule sur son blog. […]

  • 7 mai 2014 à 14 h 33 min

    Pour ne pas faire de jaloux, on peut citer aussi José Bové, tête de liste dans le SW pour EELV et heureusement largement désavoué par son parti pour cette citation toute récente à propos de la PMA : « A partir du moment où je conteste les manipulations génétiques sur le végétal et sur l’animal, il serait curieux que, sur l’humain, je ne sois pas dans la même cohérence. » Plus honnête au moins que Valls qui mêle sciemment PMA et GPA en cédant aux lobbys réactionnaires. Gare à la démission intellectuelle des élites ou prétendues telles. Hommage donc en passant à Marc Bloch et merci à toi, Jean-Paul, pour cette nouvelle note.

  • 7 mai 2014 à 13 h 56 min

    Dans la continuité du site du CVUH, on peut consulter aussi avec intérêt celui des historiens de garde:
    http://www.leshistoriensdegarde.fr/
    Cordialement,
    GF

  • 7 mai 2014 à 13 h 26 min

    Monsieur Demoule,

    Tout d’abord merci pour cet article, même si je dois avouer avoir eu un peu de mal à comprendre la connexion entre la première partie (Finkielkraut and co) et la seconde. Peut-être n’y en avait il pas après tout.
    Par ailleurs, outre le CVUH, je ne saurais trop vous encourager -si ce n’est pas déjà fait – à lire le petit livre « Les historiens de garde ». Il reprend de manière générale l’ensemble des critiques sur Deutsch, mais aussi aussi sur l’ensemble de l’offensive « nationale-réactionnaire » sur l’histoire.
    http://www.inculte.fr/catalogue/les-historiens-de-garde/
    En mise en bouche, vous pouvez aussi découvrir le livre là : http://www.leshistoriensdegarde.fr/

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