DEMOULE (J.-P.) 2008 (rééd. 2013) / Les origines de la culture, La révolution néolithique. Éditions du Pommier et Cité des Sciences et de l’industrie, Paris, 128p.
Ce livre élargit la vision du volume que j’ai coordonné en 2007 sur le seul néolithique de la France (cf. bibliographie), et il annonçait le colloque international que j’ai organisé en 2008 (La révolution néolithique dans le monde, CNRS, 2010). Il s’agit d’une réflexion d’ensemble, accessible au public cultivé, sur les causes de l’apparition de l’agriculture et de l’élevage à l’échelle du monde. Si le Proche-Orient et l’Europe y sont traités plus en détail, les autres foyers de néolithisation primaire sont passés en revue (Chine du nord et du centre, Andes, Mexique, Nouvelle-Guinée, nord de l’Afrique) afin d’en montrer à chaque fois les constantes, mais aussi les originalités, les domestications animales n’ayant joué qu’un faible rôle dans les Amériques, par exemple. L’extension du foyer primaire proche-oriental en direction de l’Europe permet d’étudier en détail les causes de la diffusion de l’agriculture. La vitesse de diffusion ne tient pas qu’à des causes directement démographiques et environnementales. Elle peut résulter de choix politiques et culturels, par exemple le souci de ne pas aboutir à des systèmes sociaux trop complexes, comme c’est le cas des grands sites du néolithique proche-oriental dit PPNB, qui s’effondrent au VIIe millénaire ; à cela s’opposent par exemple la diffusion très rapide de la culture de Halaf en Mésopotamie, ou de la Céramique Linéaire dans l’Europe tempérée, qui s’interdisent les concentrations humaines trop fortes et se répandent extensivement dans l’espace en préservant un bas niveau d’organisation sociale. On réfléchit en conclusion de manière non utopique sur ce que le néolithique a apporté d’irréversible, avec un boom sans précédent de la démographie humaine au détriment de toutes les autres espèces biologiques, mais aussi une augmentation croissante des tensions et des violences sociales.