J’avais ouvert ce blog l’an dernier au moment de l’anniversaire de la loi du 17 janvier 2001, même si cette loi avait été bien maltraitée depuis lors. Logiquement, un an plus tard, ce sont les dix ans de l’Inrap que l’on célèbre, cet établissement public ayant été créé le 1er février 2002. Lui aussi a été bien maltraité, « rien ne lui a été épargné » pour reprendre les mots d’un sénateur pourtant de la majorité issue des élections de juin 2002.
Il est temps désormais de dresser le bilan de ces près de dix ans de maltraitances et d’en tirer toutes les leçons. C’est ce que nous devons faire collectivement, nous autres archéologues, alors que ces élections imminentes sont l’occasion de changements indispensables, sur bien des plans, et notamment sur celui du patrimoine culturel et de la recherche scientifique.
Car, paradoxe, autant l’acharnement idéologique contre l’Inrap ne s’est guère démenti pendant ces dix années, autant les résultats scientifiques sont impressionnants. Il suffit de se promener sur le site internet de l’Inrap et de parcourir toutes ses publications, à l’intention des chercheurs comme du grand public, qui n’ont cessé de s’accumuler depuis ces mêmes dix ans, tout comme les colloques, les journées portes ouvertes, les conférences ou encore les expositions, petites ou grandes, l’une des dernières en date étant celle des Gaulois à la Cité des Sciences de La Villette – précisément là où sont fêtés les dix ans de l’institution.
Marquant est l’ouvrage célébrant cet anniversaire, celui de Cyrille Marcigny et Daphné Bétard, La France racontée par les archéologues – Fouilles et découvertes au XXIe siècle, qui vient de paraître chez Gallimard, mêlant l’agrément de la maquette et la rigueur de la trajectoire historique, des premiers hommes jusqu’à l’archéologie du temps présent.
C’est presque par hasard, un « hasard objectif » comme disaient les surréalistes, que paraît en même temps mon propre livre, On a retrouvé l’histoire de France – comment l’archéologie raconte notre passé (Robert Laffont), lequel aurait dû paraître au moins un an plus tôt, si j’avais su respecter les délais impartis par Dominique Leglu, directrice de la collection, qui en avait eu l’idée. Il se différencie du précédent au moins par un trait voyant : il ne comporte aucune illustration. Mais il est porté par le même souci : montrer à quoi sert l’archéologie, non seulement pour la connaissance du passé, mais au moins autant pour celle du présent et celle de l’avenir. Et je tâche d’y traiter, entre autres, d’un sujet pour le moins d’actualité, la dite « identité nationale ».
Si des comptes-rendus en sont prévus dans Le Nouvel Oservateur et dans Libération, plusieurs émissions lui sont consacrées, notamment :
– « La Tête au Carré » sur France Inter, le 15 mars de 14h à 15h.
– « Dans quelle étagère » sur France 2, dans la semaine du 26 mars.
– « Down Town » sur France Inter, le 2 avril de 18h30 à 19h.
– « Autour de la question » sur Radio France Internationale, le 5 avril de 11h à 12h.
– « Le Salon Noir » sur France Culture le 11 avril de 14h30 à 15h.
– « Les Saventuriers » sur France Inter, le 15 avril de minuit à 1 heure.
J’espère que ce sera autant d’occasions de poser, au-delà de tous les problèmes que connaît l’archéologie, et dans la mesure où ces problèmes sont d’abord des symptômes idéologiques et sociaux – de poser à l’intention des « vrais gens » la question de notre rapport au passé et à l’identité, et de contribuer ainsi modestement aux débats politiques du moment.
Après de longues vacances, ce blog a vocation à devenir hebdomadaire.