Au commencement, les Homo erectus décidèrent d’aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte et sortirent d’Afrique il y a environ deux millions d’années. Puis, les Homo sapiens firent de même, inventèrent l’agriculture, essaimèrent à peu près partout et peuplèrent la planète. De plus en plus nombreux, ils bâtirent des empires, par définition multiethniques et en perpétuelle extension, entraînant à l’ère de la mondialisation toujours plus de conquêtes, de répressions, de déportations, d’exils et de brassages de populations avec leurs voisins dits « barbares ». Aucune des grandes nations d’Europe n’a ainsi connu de peuplement homogène et immobile, quels que soient les romans nationaux qu’elles se sont inventés récemment. Depuis les déplacements du paléolithique jusqu’aux concentrations urbaines actuelles, nous n’avons cessé de cheminer, de migrer. Pourtant, avec la disparition des peuples nomades et la généralisation du télétravail, une partie d’entre nous n’a jamais été aussi peu mobile. Les migrations de détresse, « économiques » ou « politiques », continueront, elles, tant qu’il y aura des guerres, des dictatures et des catastrophes climatiques. Mais, au fond, qui a vraiment peur des migrations ?